Mickaël Creté, coordinateur du pôle « Bagad Santé » au Silgom, dévoile les contours de la politique d’approvisionnement local menée pour fournir en produits locaux les établissements de santé bretons.

Depuis 2002, le Silgom (Syndicat Intercommunal de Liaisons pour la Gestion des Œuvres Médico-sociales), situé à Saint-Avé, près du Golfe du Morbihan, est un acteur public incontournable dans trois secteurs techniques : blanchisserie, restauration collective et traitement des déchets de soins. Aujourd’hui, ce syndicat poursuit une ambition claire : réancrer son approvisionnement au plus près du territoire.
“Notre volonté est de relocaliser un maximum de nos achats. Ce n’est pas juste un effet de mode. C’est un engagement environnemental, économique, mais aussi social, assure Mickaël Creté. Dans ce cadre, nous portons une mission d’assistance technique auprès de l’ADPEI du Morbihan sur 3 de leurs cuisines. (Association départementale de parents et amis des personnes en situation de handicap mental).
Des marchés publics tournés vers les producteurs bretons
Mickaël Creté l’explique avec conviction : « Nous avons repensé nos marchés publics pour intégrer les producteurs locaux. Boissons, produits secs, épicerie… Ce sont déjà des marchés ouverts. Nous travaillons main dans la main avec les producteurs pour construire les appels d’offres. L’idée est de sortir du standard, de vraiment adapter notre commande à la réalité du terrain. »
Le SILGOM va plus loin : un marché pour les produits frais et surgelés est prévu pour octobre 2026. Il s’appuiera sur un sourcing en amont, pour identifier et structurer un réseau de fournisseurs locaux solides, capables de répondre aux volumes nécessaires.
Un salon des fournisseurs bretons en préparation
Parmi les projets phares, l’organisation d’un mini-salon des fournisseurs bretons, qui devrait se tenir à Saint-Gérand dans le Morbihan, le premier ou le deuxième mercredi d’octobre est en préparation. Cet événement ambitionne de réunir entre 35 et 40 fournisseurs de produits frais et surgelés, tout en invitant les collèges, lycées et établissements hospitaliers afin de renforcer les synergies entre les différents acteurs de la restauration collective.
En parallèle, une initiative est en cours pour fédérer les établissements hospitaliers bretons et mutualiser les fournisseurs locaux à l’échelle départementale et régionale. Un exemple concret de cette dynamique : depuis septembre 2024, le collectif d’artisans laitiers « Au Pré ! » installé au sud de Loudéac, a étendu son activité aux Côtes-d’Armor et prévoit d’assurer des livraisons dans les quatre départements bretons d’ici 2026.
Notre volonté est de relocaliser un maximum de nos achats.
Ce n’est pas juste un effet de mode. C’est un engagement environnemental, économique, mais aussi social
Mickaël Creté
Coordinateur du pôle "Bagad Santé" au Silgom
Les défis de l’approvisionnement en produits agricoles
« Nous avons identifié plusieurs besoins, notamment en matière d’équipements pour la restauration. Hélas, nous ne pouvons pas toujours privilégier les marques bretonnes, » regrette le responsable du Silgom.
Concernant la légumerie, la recherche d’un prestataire adapté se poursuit. A titre d’exemple, le SILGOM consomme à lui seul 70 tonnes de carottes par an. En intégrant d’autres hôpitaux bretons, cette quantité pourrait être multipliée par dix.
« Nous discutons avec un prestataire à Noyal-Pontivy. Et nous réfléchissons aussi à un projet autour de la filière chou-fleur à Paimpol. Nous cherchons un acteur capable d’absorber nos volumes, tout en restant dans une logique territoriale. », précise Michaël Creté.
Inclusion et économie circulaire : repenser les modèles
Un autre axe de réflexion concerne la création d’une légumerie employant des travailleurs en situation de handicap (ESAT). Une démarche qui, bien que porteuse de sens socialement, implique des coûts supplémentaires à prendre en compte.
« C’est un projet qui a beaucoup de sens. Mais il faut bien mesurer l’équilibre économique. Il s’agit d’un investissement humain, mais aussi financier. »
Le SILGOM ne s’arrête pas à l’alimentation. Sa blanchisserie entre elle aussi dans une démarche durable. « Nous prévoyons une nouvelle blanchisserie pour 2027. Nous travaillons sur l’élaboration d’un contrat d’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) sur un marché public de construction. L’idée est d’intégrer dès la conception des pratiques circulaires. »
Par ailleurs, la question du recyclage des vêtements et draps usagés est au cœur des préoccupations du SILGOM. Plusieurs solutions sont étudiées, notamment une collaboration avec La Poste et Suez via leur filiale Recigo, spécialisée dans le recyclage de vêtements et draps usagers.
En réunissant acteurs publics, producteurs locaux, établissements hospitaliers et institutions éducatives, ce projet ancré montre la voie d’un modèle d’approvisionnement plus responsable et durable, illustrant les ressources vives d’une Bretagne qui se veut résiliente.