Aujourd’hui, face aux défis environnementaux et à la nécessité de réduire notre dépendance aux importations, relocaliser les achats de bois est plus que jamais d’actualité. La Bretagne, bien que souvent perçue comme peu forestière, dispose d’un potentiel sous-exploité pour fournir du bois localement, que ce soit pour la construction ou pour l’énergie.
Fibois Bretagne joue un rôle clé dans la structuration de cette filière. L’association connecte les différents acteurs et promeut l’usage du bois issu des forêts locales. Mais quels sont les enjeux de cette relocalisation et comment tirer parti des ressources disponibles en Bretagne ?
Fibois Bretagne : un acteur clé de la filière bois
Fibois Bretagne est une association qui fédère plus de 350 membres issus de toute la chaîne de valeur du bois. Soutenue à 70% par des acteurs institutionnels comme la Région Bretagne et l’ADEME, elle dispose d’une équipe de 12 collaborateurs dédiés à la promotion du bois dans ses multiples usages.
Sa mission est claire : favoriser l’usage du bois tout en s’assurant que cette exploitation soit en phase avec la ressource locale. À travers des initiatives comme la « Semaine de l’Arbre », Fibois agit pour que la Bretagne devienne une région neutre en carbone d’ici 2050, en intégrant pleinement le bois dans ses stratégies de développement durable.
État des lieux : une tendance nette à la relocalisation
La Bretagne s’est longtemps appuyée sur des importations pour son approvisionnement en bois de construction. Il y a encore quelques années, jusqu’à 50% était importé.. Cependant, une dynamique inverse s’amorce : les bois locaux représentent désormais 15% du marché et 60% du bois utilisé provient de France.
L’un des défis actuels est lié au Dans cette perspective, l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN) fixé par la loi Climat et résilience de 2021, encourage l’extension et la surélévation des bâtis. À Rennes, par exemple, la construction en ossature bois s’impose comme une solution privilégiée pour répondre à cette contrainte, tout en garantissant des bâtiments durables et performants sur le plan énergétique.
Diversité des essences : un atout difficile à valoriser
Les forêts bretonnes sont composées à 78% de feuillus et 22% de résineux. On y trouve principalement du chêne pédonculé et du châtaignier, deux essences reconnues pour leur qualité mais encore peu valorisées sur le marché local.
Un des enjeux majeurs est de trouver des débouchés pour toutes les essences présentes, y compris celles qui sont aujourd’hui sous-exploitées, comme certaines variétés de saules.
Les débouchés : du bois d’œuvre à l’énergie
La diversité des essences présentes en Bretagne ouvre des perspectives variées :
- Construction bois : avec l’essor de l’ossature bois et la volonté de densification urbaine, la demande en bois local ne cesse d’augmenter.
- Aménagement intérieur et extérieur : les feuillus bretons, avec leur esthétique unique, trouvent des débouchés dans la fabrication de mobiliers, de bardages ou d’escaliers.
- Emballage : 70% du bois scié en Bretagne est destiné à la fabrication de palettes et d’emballages. C’est un marché stable qui permet d’absorber une grande partie de la production locale. Le pin maritime breton, souvent réservé à l’emballage, pourrait également être mieux valorisé. Des appels à projets et des expérimentations sont en cours pour élargir son champ d’application.
- Bois énergie : Avec le doublement du marché ces dernières années, la filière bois-énergie devient un pilier économique essentiel.
Les Services environnementaux que rend l’arbre sont inestimables
Au-delà de son utilisation en construction ou en énergie, le bois rend de nombreux services écosystémiques essentiels :
- Biodiversité : la forêt est un refuge pour la faune et la flore locale.
- Qualité de l’eau : les forêts bretonnes participent à la filtration naturelle des eaux de pluie.
- Séquestration du carbone : en absorbant le CO₂, elles contribuent à la lutte contre le changement climatique.
Favoriser l’exploitation raisonnée et durable du bois local est un enjeu d’avenir afin de préserver ces services tout en répondant aux besoins économiques et environnementaux de la région.
