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Relocalisation & Décarbonation : les entreprises agroalimentaires bretonnes en action

Le 10/06/25

En tant représentant de la filière agroalimentaire bretonne, l’Association bretonne des entreprises agroalimentaires (ABEA) est régulièrement questionnée sur l’engagement de la filière dans les transitions environnementales.  On peut dire aujourd’hui que la phase de sensibilisation est dépassée : la prise de conscience est bien réelle. Toutefois, nous manquons encore de données consolidées et fiables à l’échelle régionale permettant de mesurer précisément les priorités et le niveau de maturité et d’action des entreprises agroalimentaires en matière de décarbonation. 

ABEA enquete

C’est dans cette optique que l’ABEA a lancé, entre juin et décembre 2024, une vaste enquête sur la décarbonation dans le secteur agroalimentaire breton. L’objectif : mieux comprendre les dynamiques en cours, et identifier les freins et les leviers d’actions concrets.

Les émissions liées aux chaînes d’approvisionnement : un enjeu majeur pour la filière agroalimentaire

Le scope 3 de l’étude regroupe l’ensemble des émissions indirectes liées aux chaînes d’approvisionnement : matières premières, emballages, transport des marchandises, etc.

Les résultats de cette enquête confirment sans surprise le poids des émissions liées au scope 3, qui représentent 94,4 % du bilan carbone du secteur agroalimentaire breton. Parmi elles, les matières premières agricoles constituent la principale source d’émission, à hauteur de 82,9 %.

Face à cet enjeu, deux axes d’action apparaissent prioritaires : le recours à des techniques agricoles bas carbone et la relocalisation des achats. Si la proximité géographique ne garantit pas toujours un meilleur bilan carbone, la relocalisation va au-delà de la seule logique environnementale. Elle permet aussi de renforcer les liens entre acteurs locaux, de valoriser les savoir-faire régionaux et de soutenir une économie territoriale résiliente.

Relocalisation des achats : une stratégie structurante

La relocalisation des achats, initiative portée par la Région Bretagne, s’inscrit dans une démarche collective incitant les entreprises à cartographier leurs approvisionnements afin d’identifier ceux pouvant être relocalisés en Bretagne, en France ou en Europe. Cette démarche vise à structurer des chaînes de valeur territorialisées, de la production à la transformation et à la distribution, tout en sécurisant les approvisionnements.

Dans cette dynamique, la Région a développé un outil dédié : l’Indice Breton de l’Achat Local (IBAL). Cet indicateur mesure la part des achats, en valeur, provenant de Bretagne, de France, de l’Union européenne ou de l’international. Il constitue la première étape pour élaborer une stratégie de relocalisation fondée sur des données tangibles.

Des premiers résultats encourageants au sein des usines agroalimentaires

L’ABEA a intégré le recensement de l’IBAL dans son enquête décarbonation. En 2024, les données révèlent que, en moyenne, 75 % des achats des industries agroalimentaires bretonnes sont réalisés en France, dont 35 % en Bretagne.

Des marges de progrès existent, mais les intentions affichées par les entreprises sont claires :

  • 52 % des entreprises déclarent vouloir augmenter la part de leurs achats en Bretagne à court terme.
  • 57 % envisagent une hausse de la part française de leurs approvisionnements.
  • 45 % ont déjà modifié leur panel de fournisseurs pour améliorer l’empreinte environnementale de leurs achats.

Ibal Abea

Perspectives 2025 : un appel à mobilisation

En 2025, l’ABEA reconduira une enquête spécifique sur l’IBAL afin de poursuivre le suivi de cette dynamique. Les résultats permettront d’identifier les filières d’approvisionnement déjà établies ou à renforcer en Bretagne ou en France, et de définir des actions concrètes pour relocaliser lorsque cela est pertinent et envisageable.

Si vous êtes une entreprise agroalimentaire, votre participation est essentielle. Elle contribuera à mieux structurer les chaînes d’approvisionnement régionales et à faire émerger une économie plus durable, plus locale et plus résiliente.

Enquête décarbonation ABEA 

Le baromètre IBAL 

Article rédigé par Marie Porteu de la Morandière, cheffe de projets environnement à l’ABEA, marie.porteu@abea.bzh

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