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Biosourcer et relocaliser est le véritable liant de l’entreprise Kellig Emren

Le 08/10/25

À Baud, dans le Morbihan, l’entreprise Kellig Emren incarne une nouvelle voie pour la construction. Fondée en 2018 par Alexandre Pointet, elle place l’écoconstruction au cœur de son projet, grâce à des matériaux innovants, locaux et responsables. 

Kellig Emren Vue Atelier

Une vision locale et innovante des matériaux de construction

Alexandre Pointet, ingénieur en mécanique et automatisme, a d’abord donné une nouvelle vie à une machine de moulage de carreaux en plâtre-chanvre, puis l’a entièrement repensée pour y intégrer une matière première inédite : le miscanthus, une plante locale aux propriétés étonnantes.

De cette innovation est né un carreau isolant, conçu à partir de miscanthus, de terre argileuse et de chaux. Résultat : un matériau naturel qui régule l’humidité, améliore l’inertie thermique et offre une isolation performante, particulièrement adaptée à la rénovation du bâti ancien et aux maisons à ossature bois.

Eric Le Dévéhat, convaincu par ce nouveau matériau, a rejoint Kellig Emren en 2024. Pour ces deux passionnés, l’avenir de la construction passe par des matériaux biosourcés et relocalisés.

Un matériau aux vertus multiples

Le matériau VÉGÉO fabriqué par Kellig Emren est conçu avec une attention particulière portée à la performance, à la santé et à la durabilité.

  • Il ne contient pas de composés organiques volatils (COV), ce qui favorise une bonne qualité de l’air intérieur.
  • Les carreaux ne laissent pas de résidus toxiques en fin de vie et peuvent être réutilisés ou se dégrader naturellement.
  • Leur impact carbone est limité grâce à l’emploi de la terre argileuse comme liant majoritaire.
  • Le process de fabrication est également sobre en énergie. Le séchage s’effectue naturellement ou par simple ventilation.

Alexandre précise : « Le bâtiment est le secteur le plus générateur de déchets, représentant 50 à 75 % des volumes produits. Il était nécessaire de proposer des solutions dans ce domaine. »

Le bâtiment est le secteur le plus générateur de déchets, il était nécessaire de proposer des solutions dans ce domaine.

Alexandre Pointet

Ingénieur en mécanique et automatisme Kellig Emren

L’IBAL : calculer pour agir

Parce que le postulat de base est de sourcer leurs composants (terre argileuse et miscanthus) au plus près, Kellig Emren s’est tout naturellement plié à l’exercice de l’Indice Breton de l’Achat Local. Le résultat est explicite :

  • Part des achats en Bretagne : 90,9 %
  • Part des achats en France : 8,7 %
  • Part des achats en Europe : 0,4 %

Cet outil simple à mettre en œuvre n’a pas révolutionné leurs habitudes puisque l’entreprise a développé une démarche d’achat local dès le départ, mais il permet néanmoins de poser un bilan.
« Rien ne remplace un chiffre ; si on ne mesure pas, on ne progresse pas », affirme l’équipe.

Une méthode pour structurer et responsabiliser

Ce nouvel indicateur ouvre aussi des perspectives concrètes pour structurer des filières locales solides. En identifiant clairement l’origine des matériaux, l’IBAL permet de mieux comprendre où concentrer les efforts : que ce soit pour renforcer la production de miscanthus, relancer la culture du chanvre ou valoriser la terre crue. Il sert aussi de base pour dialoguer avec les collectivités, en les incitant à adopter une vision plus responsable et locale dans leurs achats.

Cette transparence chez Kellig Emren fait partie de la panoplie d’outils qui donnent une trajectoire claire : savoir d’où viennent les matières premières, comment les substituer localement, et où se situent les dépendances à l’import. En retour, cela permet d’imaginer une montée en puissance progressive des filières, soutenue par une demande publique plus structurante.

Kellig emren séchage

Projets en cours et perspectives

Cette dynamique se traduit déjà dans les projets de l’entreprise. À court terme, une troisième génération de presse, plus ergonomique et productive, sera mise en service pour remplacer la précédente, brevetée en 2020. Parallèlement, les efforts de R&D se poursuivent pour réduire la proportion de chaux et améliorer l’efficacité énergétique du séchage.

La structuration des filières reste également un axe fort. Le miscanthus, plante pérenne, sans intrants, capable de dépolluer et de stabiliser les sols, est au cœur de cette stratégie. À terme, une fois la filière mature, le chanvre pourra venir compléter cette base végétale locale. Pour soutenir cette montée en puissance, un nouveau site de 1000 m² est en projet en Bretagne, afin de rester au plus près des ressources tout en gagnant en capacité de production.

Une réglementation en soutien à la transition

Le secteur du bâtiment est aujourd’hui fortement encadré par la réglementation environnementale RE2020, qui impose des paliers de performance à atteindre progressivement. À cela s’ajoutent les lois REP (Responsabilité Élargie du Producteur) et AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire), qui tracent une feuille de route ambitieuse vers une construction plus durable. Pour Kellig Emren, ces cadres réglementaires ne sont pas des freins, mais bien des opportunités : ils valident leur engagement pionnier et renforcent la pertinence de leur modèle.

Kellig Emren incarne un modèle d’entreprise responsable, alignant innovation low tech, ancrage local et restauration du vivant. Par le calcul de son IBAL, elle adopte une démarche éclairée, capable d’orienter ses choix et d’inspirer un écosystème encore fragile des matériaux locaux. Grâce à l’accompagnement d’Audélor et de dispositifs tels que BPI, la French Tech ou l’incubateur Hub Enerco, elle avance vers une industrialisation raisonnée, sans compromis sur son éthique. « Les TPE peuvent faire de l’IBAL un véritable levier s’il est adopté par les acheteurs publics », préconisent Éric et Alexandre. Un appel clair à une transition responsable, nécessitant la coopération institutionnelle, professionnelle et citoyenne pour transformer la construction en secteur vertueux.

Pour suivre l’actualité et les évènements de l’entreprise Kellig Emren.

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