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Siam Agencement : penser la relocalisation au-delà de l’ancrage territorial

Le 18/12/25

Siam Agencement, entreprise malouine spécialisée dans l’agencement d’espaces professionnels et privés, a récemment réalisé le calcul de son Indice breton de l’achat local. Une manière de mettre à l’épreuve ses pratiques d’approvisionnement, dans un secteur, le second œuvre, où les marges de manœuvre sur le choix des fournisseurs sont parfois limitées. Xavier Champs, dirigeant de l’entreprise et président de la Cellule économique de Bretagne évoque les limites et leviers de la relocalisation dans le domaine du second œuvre.

Siam Agencement

Une entreprise enracinée à Saint-Malo

L’histoire de Siam Agencement remonte aux années 1840. Longtemps connue sous le nom de « Fabrique de meubles L. Picot », l’entreprise est installée depuis 2017 dans la ZAC des Mottais à Saint-Malo, où elle dispose d’une surface de production de 2 300 m². En 1993, elle a rejoint le groupe Agencement Paul Champs, basé à Guipavas.
Son activité couvre aujourd’hui des projets sur l’ensemble du territoire national, avec un cœur de métier centré sur l’agencement sur mesure de locaux commerciaux, tertiaires ou résidentiels.

Pourquoi Indice breton de l’achat local ?

C’est en tant que président de la Cellule Economique de Bretagne et membre du CA de la Fédération du Bâtiment de Bretagne (FRB) que Xavier Champs a découvert l’Indice breton de l’achat local (IBAL), dans le cadre d’un travail de sensibilisation sur les achats locaux mené auprès des adhérents de la fédération.
Dans un souci d’exemplarité, il a souhaité remplir l’indice pour Siam Agencement :
« Cet outil m’a confirmé ce que j’imaginais : nos achats de rang 1 sont majoritairement réalisés en local et en France. »
L’IBAL de Siam Agencement affiche un taux de 59 % d’achats en Bretagne, et 99 % en France. Un résultat cohérent avec le mode de fonctionnement de l’entreprise, qui privilégie les circuits courts chaque fois que cela est possible.

Logo Indice Breton De Lachat Local Siam

Des pratiques déjà orientées vers le local

En effet, Siam Agencement travaille principalement avec des grossistes français, pour des matériaux comme le bois (contreplaqué, aggloméré, bois massif), le métal ou le verre. Certaines transformations sont réalisées en Bretagne, d’autres proviennent de régions françaises tiers.
Dans tous les cas, l’approvisionnement local répond autant à une logique de proximité qu’à des exigences de qualité et de réactivité :
« Nous privilégions les fournisseurs proches : c’est plus simple pour échanger, contrôler les productions et limiter les risques et les coûts liés à la logistique, ces derniers pouvant fortement impacter le coût global. »
La traçabilité, en revanche, se complexifie à mesure que l’on remonte les chaînes d’approvisionnement. Si la provenance du bois est souvent connue, celle des composants métalliques ou des panneaux transformés en plusieurs étapes reste souvent floue. L’entreprise constate le manque de transparence au-delà du rang 1, notamment sur les matières premières utilisées par certains fournisseurs ou sous-traitants.

Nous privilégions les fournisseurs proches : c’est plus simple pour échanger, contrôler les productions et limiter les risques et les coûts liés à la logistique.

Xavier Champs

Dirigeant SIAM Agencement

Un outil utile pour photographier à l’instant T.

Du point de vue du chef d’entreprise, l’Indice breton de l’achat local est un outil pertinent pour cartographier une situation à un instant donné, mais il peut varier en fonction de plusieurs critères :
« Nos achats varient en fonction des chantiers. Si on nous prescrit un matériau venant de loin, comme un tissu ou une quincaillerie venant du nord ou du sud de l’Europe, notre indice en sera mécaniquement temporairement affecté. »
Le dirigeant soulève ainsi une contrainte propre au second œuvre : les architectes ou donneurs d’ordre imposent souvent les produits, limitant ainsi les marges de choix des entreprises sur leurs fournisseurs.

Des enjeux de structuration de la fonction achat

L’expérience de Siam Agencement fait également ressortir un point partagé par de nombreuses PME du secteur : la fonction achat est souvent peu outillée, peu formalisée, et rarement intégrée dans une logique de stratégie ou de performance.
« Nos acheteurs sont souvent des techniciens. Ils travaillent par habitude et sont peu formés aux achats, au sourcing ou à la négociation. »
Au sein de la FFB (Fédération Française du Bâtiment) et en tant que chef d’entreprise, Xavier Champs note justement des difficultés à mobiliser les collaborateurs sur ces sujets, malgré la mise en place de dispositifs d’accompagnement :
« Nous avions proposé des formations achats, mais les retours sont faibles. Beaucoup estiment qu’ils achètent déjà local et, par manque de temps, ne voient pas la valeur ajoutée de le mesurer. »

Et après ?

Le calcul de l’IBAL n’a pas profondément changé les pratiques de Siam Agencement, mais elle a permis de les objectiver et de les valoriser. L’entreprise se reconnaît dans les principes de relocalisation et d’achats responsables même si elle ne formalise pas encore une politique RSE complète.
Les leviers d’amélioration identifiés concernent surtout l’accès à des outils simplifiés pour suivre les achats, une meilleure traçabilité au-delà du rang 1, et un travail à mener avec les prescripteurs pour favoriser les matériaux locaux dans les appels d’offres.
« Ce qui manque souvent, c’est une cartographie claire des achats et une culture du sourcing. Il faudrait des formats courts, pratiques, adaptés aux réalités du terrain. »

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